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Yann Frisch & le syndrome de Cassandre

Le seul spectacle de magie qui m'avait vraiment marqué était celui de Xavier Mortimer, "l'ombre orchestre". Peut-être parce ce n'était pas un spectacle de magie mais un spectacle vraiment magique. Puis j'ai découvert la Compagnie du Scarabée Jaune. Et là encore, je voyais une approche différente qui donnait une ambiance magique dans laquelle le truc s'efface derrière une mise en scène travaillée et une histoire. Des spectacles où les tours s'effaçaient pour laisser place à la Magie (avec un grand M). Ce n'était pas sans me rappeler la "suspension d'incrédulité" tant mise en avant par Christian Chelman.
Hier, je suis donc allé voir Cassandre et son syndrome. J'ai trouvé un clown plutôt désabusé, un poil crasseux, enfermé sur une scène au décor sobre formant un tableau aux couleurs passées. Il nous attend dans cette petite salle familiale. A l'inverse des magiciens qui se laissent désirer et arrivent sur scène sur un son techno en costume glimmérisé, lui déambule sous une lumière tamisée, et observe, silencieux. Déjà les codes tombent. Il provoque le public et fait zèle d'un humour noir et décapant, avec une énergie débordante.

Temps et contretemps sont parfaitement pensés, mais le jeu avec le public- dans un théâtre d'improvisation qu'il maîtrise à merveille - donne la sensation d'un spectacle à la carte. Il tacle, il cherche, il provoque, il interpelle, il dérange... il amène à rire de lui mais est-ce lui le clown ou le public qui se laisse manipuler ? Rit-on de lui ou de nous-mêmes ? D'un rire jaune ou joyeux ? Il se joue sans complexe des frontières que l'on se donne et des codes habituels du spectacle, quitte à déstabiliser ses spectateurs.

L'illusionnisme devient art annexe (donc au même titre que les autres domaines artistiques) au service d'une véritable Magie. Pas de tours de magie juste pour les tours. Il se moque des magiciens et des déballages de trucs, il se moque aussi d'une approche trop conceptuelle, il se moque de lui-même... et de nous. Les effets magiques et une technique (son et lumières) bien pensés sont là pour ponctuer son histoire, et c'est cela qui enchante une prestation qui sort des sentiers battus et dont la fin laisse sur la faim et questionne.

A découvrir absolument

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