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MAGIE & RELIGION : Bienheureux Zefferino Namuncurà

Ce jeune indien araucano de 19 ans, Zeffirino Namuncurá, fils du Grand Cacique des Pampas, a été inscrit à l'Album des Bienheureux par le Pape Benoït XVI, le 11 novembre 2007.

Mais qui est Zefferino et que fait-il dans ce blog consacré à la prestidigitation ?

Zeffirino naît dans une famille fière et généreuse de la puissante tribu des Indiens Araucano, dans la terre de Patagonie.  Si la sainteté a pu fleurir en lui, c'est parce qu'elle a trouvé un terrain fertile dans les qualités humaines propres à sa terre et à sa race, des qualités qu'il a reprises et perfectionnées.

Il nous plaît de voir chez le bienheureux Zeffirino toute l'histoire, souvent dramatique, de son peuple. Il résume en lui les souffrances, les inquiétudes, les aspirations des Mapouches, qui précisément au cours des années de son enfance rencontrèrent l'Evangile et s'ouvrirent au don de la foi.

Magnifier aujourd'hui le Seigneur à travers le bienheureux Zeffirino signifie également rappeler de manière vivante et reconnaissante les antiques traditions du peuple mapouche, fier et insoumis; et dans le même temps redécouvrir la fécondité de l'Evangile, qui ne détruit jamais les valeurs authentiques, dont une culture est la détentrice, mais qui les assume, les purifie et les perfectionne.

 La vie même de Zeffirino est comme une "parabole" de cette vérité profonde. Zeffirino n'a jamais oublié qu'il était Mapouche:  pour lui, l'idéal suprême était d'être utile à son peuple. Mais la rencontre avec l'Evangile a fait croître son aspiration fondamentale dans une perspective nouvelle:  il arriva ainsi à souhaiter ardemment devenir salésien et prêtre, "pour montrer" à ses frères mapouches "la voie du ciel".

Il choisit comme modèle de vie Domenico Savio. Cet élève bien-aimé de Don  Bosco  fut  proclamé  saint   par Pie XII en 1954 et, dans le même temps, on canonisa d'une certaine façon la "recette simple" de la sainteté, que le "père et maître des jeunes" remit un jour à Domenico. Une recette qui dit plus ou moins ceci :  "Sois toujours joyeux; fais bien tes devoirs d'étude et de piété; aide tes camarades".

La joie, tout d'abord. "Il sourit avec les yeux", disait les compagnons de Zeffirino. Il était l'âme des récréations, auxquelles il participait avec créativité et enthousiasme, parfois même avec fougue. Il savait faire des tours de magie, qui lui valurent le titre de "magicien". Il organisait des compétitions, et instruisait ses camarades sur la meilleure façon de préparer les arcs et les flèches, pour les entraîner ensuite au tir.

 

Don Bosco recommandait ensuite à Domenico Savio les devoirs de l'étude et de la piété. Dans le collège salésien de Villa Sora, à Frascati, Zeffirino - qui rencontrait pourtant certaines difficultés avec la langue italienne - parvint en quelques mois à être le deuxième de la classe. Dans son bulletin scolaire, on remarque ses excellents résultats en latin:  c'était une condition importante pour devenir prêtre.

La piété de Zeffirino était la piété caractéristique des milieux salésiens, profondément enracinée dans les sacrements, et en particulier dans l'Eucharistie, considérée comme le "pilier" du système éducatif préventif. C'est pourquoi Zeffirino remplissait volontiers le rôle de sacristain. Au cours des mois  de  son séjour à  Turin,  on  le voyait s'arrêter pendant des heures dans le Sanctuaire de Marie auxiliatrice, en dialogue intime avec Jésus.

Enfin, Don Bosco recommandait à Domenico d'aider ses camarades.

A cet égard, le témoignage d'un salésien, Don Iorio, est impressionnant. Trois jours avant que Zefferino ne mourût, Don Iorio était allé lui rendre visite à l'hôpital Fatebenefratelli, sur l'Ile Tibérine (Rome). Il entendit dire à notre bienheureux, désormais proche de la fin de sa vie:  "Père, je vais bientôt m'en aller, mais je vous recommande ce pauvre jeune, dont le lit est à côté du mien. Revenez souvent lui rendre visite... Il souffre tant! La nuit il ne dort presque pas, il tousse beaucoup...". Et il disait cela alors que lui-même, Zeffirino, se trouvait dans une situation bien pire, et qu'il ne pouvait pas du tout dormir.

Celui qui entre dans la Basilique vaticane peut voir très haut, dans la dernière niche à droite de la nef centrale, une grande statue de saint Jean Bosco, qui indique l'autel et la tombe de saint Pierre. A côté de lui se trouvent deux jeunes garçons, l'un aux traits européens et l'autres aux traits typiques des populations d'Amérique du Sud. La référence aux deux jeunes saints est évidente:  Domenico Savio et Zeffirino Namuncurá. C'est l'unique représentation d'enfants présente dans la Basilique.

C'est ainsi que reste fixé dans le marbre, au cœur de la chrétienté, l'exemple de la sainteté des jeunes, et que reste en même temps fixée la validité éternelle des intuitions pédagogiques de Don Bosco:  en un siècle et demi, en Patagonie comme en Italie et dans tant d'autres parties du monde, le système d'éducation préventif a porté des fruits presque inespérés, il a formé des héros et des saints.


Texte élaboré d'après l'homélie du Cardinal Tarcisio Bertone à Chimpay (Argentine) le jour de la béatification de Zefferino.

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